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Entretien des haies des étangs des Coeudres

Une partie des haies situées au sud-est des étangs des Coeudres (fig. 1.) et sur la colline de la « Chèvre-Morte » seront taillées avant le printemps. C’est le locataire actuel des parcelles sur lesquelles elles se trouvent, l’agriculteur Claude Hürlimann, qui effectuera ce travail.

 

Vue d’une partie des haies qui seront taillées en 2021.

Fig. 1. Vue d’une partie des haies qui seront taillées en 2021.
Damphreux, 02.01.2021. © Michel Juillard
 


Pourquoi tailler les haies ?


Les haies plantées en hiver 2007-2008, au début de la revitalisation des étangs des Coeudres (fig. 2 et 3), croissent avec vigueur chaque année. La plupart des essences plantées limitent naturellement leur croissance en dessous de 2,5 m de hauteur. Ce sont en majorité des arbustes portant des petits fruits dont raffolent les oiseaux : Aubépine à un style, Aubépine épineuse, Églantier, Troène, Viorne obier, Viorne lantane, Groseillier à maquereaux, Chèvrefeuille des haies, Fusain d’Europe, Cornouiller mâle, Cornouiller sanguin (fig. 4).
D’autres essences peuvent devenir plus hautes et dépasser les 3 m (Prunellier ou Épine noire, Sureau rouge, Sureau noir, Noisetier, Nerprun purgatif, Merisier à grappes, Saule marsault, Érable champêtre, Cerisier sauvage ou Merisier, Chêne, Charme, Tilleuls, etc.).
Selon le type désiré de haies, il sera nécessaire d’étêter régulièrement la rangée d’arbres et d’arbustes et surtout de contenir son extension latérale, notamment celle des prunelliers qui ont tendance à coloniser très vite les surfaces attenantes.

Plantation des haies le long des étangs des Coeudres   À la « Chèvre-Morte », les arbustes plantés ont bien repris.
     
Fig. 2. Plantation des haies le long des étangs des Coeudres
Damphreux, 18.12.2007. © BIOTEC S.A.
 
Fig. 3. À la « Chèvre-Morte », les arbustes plantés ont bien repris.
Damphreux, 13.01.2008. © Philippe Bassin.
 
 
 
Quelques arbres ou arbustes photographiés dans des haies vives en Ajoie.
 
Fig. 4. Quelques arbres ou arbustes photographiés dans des haies vives en Ajoie.
© Michel Juillard.

 

En taillant la haie en hauteur et en largeur, les plants vont se densifier, ce qui est intéressant pour le camouflage des nids des oiseaux. Au centre de la haie, entre les troncs des végétaux, la densification n’aura pas lieu, ce qui permet une circulation facilitée et sécurisée de la micro- et de la méso-faune.

 

Quand doit-on tailler une haie ?


La taille doit s’effectuer en dehors de la période de végétation, à savoir de début novembre à fin février. Elle dépend de la croissance de la haie, en hauteur et en largeur. Elle doit s’effectuer quand les standards choisis sont nettement dépassés, en général tous les trois à huit ans.

Quelles sont les conditions légales exigées pour toucher des paiements directs ?


Il faut respecter les conditions de base exigées par l’Ordonnance sur les paiements directs :

  • La haie doit être constituée d’une partie boisée et d’une bande herbeuse de 3 à 6 m ;
  • Les engrais et les produits phytosanitaires sont proscrits ;
  • L’entretien de la partie boisée se fait de manière appropriée, pendant la période de repos de la végétation, au moins une fois tous les 8 ans et sur 1/3 de la surface au plus ;
  • La bande herbeuse est entretenue selon les règles en vigueur pour les prairies extensives.

 

Dans le cadre du réseau écologique « Vendline-Coeuvatte », les conditions suivantes s’ajoutent :

  • L’entretien de la partie boisée se fait de manière sélective afin de favoriser les essences à croissance lente, les espèces à petits fruits et les épineux ;
  • Des aménagements de tas de bois ou de tas de pierres seront réalisés tous les 50 m, de préférence sur la partie sud de la haie ;
  • La bande herbeuse doit faire entre 5 et 6 m ;
  • Lors de la première coupe (15 juin), la moitié de la bande herbeuse doit rester sur pied. Il est possible de faucher toute la bande herbeuse lors d’une seconde intervention ;
  • Un minimum de 7 semaines d’intervalle doit s’écouler entre les 2 passages ;
  • L’emploi d’un conditionneur est interdit ;
  • L’épareuse est proscrite au profit d’outils à coupe franche (cisaille – sécateur – lamier).

 

Quelles machines utiliser ?


Il existe plusieurs modèles qui permettent un entretien correct des haies. Pour de petits entretiens, le sécateur à main, le sécateur coupe-branches, le taille haie ou une petite tronçonneuse suffisent.
Quand il s’agit de grandes et longues haies, il faut impérativement utiliser des machines plus performantes (voir le site : https://www.youtube.com/watch?v=N-y7ciQSXDE&feature=em-subs_digest ).
Les épareuses à fléaux hachent les branches. Le bois éclate en laissant un aspect de saccage déplaisant. De plus, les blessures infligées ouvrent la voie au développement de maladies virales ou cryptogamiques (fig. 5). Les lamiers à disques ou épareuses à disques coupent nette toutes les pousses qu’elles rencontrent. Du point de vue esthétique, le lamier à disque fait du plus beau travail que les épareuses à fléaux. Toutefois, les branches éclatées provoquent le développement des yeux dormants situés en-dessous de l’intervention. La haie va foisonner et se densifier. De plus, la sève qui va suinter des plaies va permettre à certains insectes de s’alimenter alors qu’ils peinent à trouver leur pitance au sortir de l’hiver.


Aspect des branches coupées à l’aide d’une épareuse à fléaux.
 
Fig. 5. Aspect des branches coupées à l’aide d’une épareuse à fléaux.
Bonfol, le 05.04.2019. © Michel Juillard.

 

Que faire du matériel végétal coupé ?


Il est possible de l’exporter pour le déposer ou le déchiqueter ailleurs. Certains le laissent sur place, directement sur ou dans la haie traitée. D’autres en font des tas, aménagés à l’extrémité des haies. Ces amas de branches constituent alors un nouvel habitat très prisé par de nombreuses espèces animales, notamment par les invertébrés.

Ce qu’il ne faut pas faire !


Quand on taille les haies, il ne faudrait pas les couper plus bas que 1,20 m (fig. 6), car les arbustes ne produiront pas ou très peu de petits fruits l’année de la coupe et certaines espèces d’oiseaux ne pourront pas nicher à l’intérieur (Bruant jaune, Merle noir, Fauvette babillarde, Pie-grièche écorcheur, etc.). La hauteur de taille idéale et minimale à respecter est comprise entre 1,50 et 1,75 m. En raison de sa repousse rapide, le Noisetier peut être coupé à sa base à certains endroits de la haie.


Haie taillée trop basse, à moins de 0,80 m de hauteur.
 
Fig. 6. Haie taillée trop basse, à moins de 0,80 m de hauteur.
Beurnevésin, 04.02.2021. © Michel Juillard.

 

Certaines essences, comme les deux espèces de sureaux ne supportent pas d’être taillées drastiquement et ont tendance à périr rapidement si on les rabat trop.
Il ne faut pas non plus tailler les haies en coupant toutes les essences à la même hauteur (fig.7). Tous les dix à quinze mètres, dans la longueur, il faut laisser un arbre ou un arbuste prendre de la hauteur, car certains oiseaux comme le Bruant jaune, la Pie-grièche écorcheur ou le Merle noir ont besoin de se percher en évidence pour marquer leur territoire par leur chant (fig. 8).

Haie taillée uniformément, sans laisser de perchoirs.   Le Bruant jaune a besoin de se percher bien en évidence, Courgenay, 12.02.2017. © Michel Juillard.			       en haut des haies pour chanter et défendre son territoire.
     
Fig. 7. Haie taillée uniformément, sans laisser de perchoirs.
Courgenay, 12.02.2017. © Michel Juillard.
 
Fig. 8. Le Bruant jaune a besoin de se percher bien en évidence, en haut des haies pour chanter et défendre son territoire.
Cobor (Roumanie), 23.05.2018. © Michel Juillard.
 

Entretien des haies en 2021 à Damphreux


Pour assurer un entretien correct des haies, il est préférable de les visiter à pied et de signaler les arbustes à maintenir haut à celui qui est chargé de l’entretien. Dans le cas des haies des étangs des Coeudres, Marcel Challet, Claude Fankhauser et Michel Rebetez ont parcouru les haies sur toute leur longueur, le 21 janvier 2021 (fig. 9). Ils ont placé des rubans rouges sur les arbustes « candidats », ceux qui doivent être maintenus sans taille (fig. 10). Ainsi, une fois le travail exécuté, des perchoirs pour les oiseaux seront préservés pour le plus grand bonheur des volatiles.

Recherche des « candidats » en parcourant les haies.   Chaque « candidats » est marqué à l’aide d’un ruban rouge.
     
Fig. 9. Recherche des « candidats » en parcourant les haies. 
Damphreux, Étangs des Coeudres, 21 janvier 2021.
© Michel Juillard. 
 
Fig. 10. Chaque « candidats » est marqué à l’aide d’un ruban rouge.
Damphreux, Étangs des Coeudres, 21 janvier 2021.
© Michel Juillard.
 

 

Un même traitement sera réservé aux haies de la « Chèvre-Morte ». Quant à la haie située le long du sentier qui même à la cabane d’observation située à l’ouest des étangs, elle sert d’écran de verdure pour que les visiteurs ne dérangent pas les oiseaux posés sur les plans d’eau. Elle ne sera pas taillée en 2021, car elle n’a pas atteint la hauteur ni le volume souhaité. Des tailles sommaires ont été réalisées en novembre 2019 et 2020 pour faciliter le passage des ornithologues.


Remerciements


Un grand MERCI à Luc Scherrer (FRIJ) et à Philippe Bassin (FMD) pour la transmission de documents ou de photographies et pour la relecture de ce texte.

Michel Juillard