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Amphibiens

Les Amphibiens présents sur les terrains de la Fondation des Marais de Damphreux (FMD)


Particulièrement sensibles à la qualité de leur environnement, les Amphibiens sont spécialement menacés par l’appauvrissement des milieux naturels. Ils ont besoin d’une grande variété d’habitats : forêts, buissons, pierriers, cours d’eau temporaires, gouilles, de tous ces espaces qui peuvent être considéré comme du désordre dans un paysage anthropique. En plus de disparaître, ces types de milieux se retrouvent toujours davantage fragmentés dans le paysage, provoquant l’isolement des espèces d’Amphibiens qui ne peuvent plus se déplacer de leurs zones d’hivernage vers leurs endroits de reproduction.

Cherchant à diversifier les biotopes et à les relier entre eux, la FMD tente d’inverser la tendance. Elle lutte contre la disparition des espèces d’Amphibiens dans la région ajoulote.

Le Crapeau accoucheur ou Alyte, Alytes obstetricans, autrefois présent autour des étangs des Coeudres, à Damphreux, a disparu. Quand à la Salamandre tachetée, Salamandra salamandra, elle n’a jamais été mentionnée, à notre connaissance et pour l’instant, dans les milieux qui appartiennent à la FMD.

Actuellement, neuf espèces de ces Vertébrés se reproduisent dans les marais et dans les étangs qui sont propriétés de la Fondation. Passons-les brièvement en revue :


Rainette verte
Hyla arborea

 

Description

  • Petite grenouille de 3 à 5 cm de long
  • Peau lisse et luisante
  • Verte, mais peut parfois être grise voire bleue, ou brune
  • Ventre blanc granuleux
  • Ventouses au bout des doigts et des orteils (pelotes adhésives)

 

Rainette%20verteRainette verte. © Michel Juillard.


La Rainette verte est un Amphibien que nous entendons chanter à la fin du printemps et au début de l’été à Coeuve (étang et mares de Planche Lombard), à Damphreux (mares des Métchiles et des Boujattes, étangs des Coeudres, étang de La Cornée), à Lugnez (étang de Sous la Voivre) et à Bonfol (étangs des Queues de chats). Ses effectifs ont diminué drastiquement au cours des dernières décennies. La population de notre région s’est morcelée. Ces batraciens sont devenus très fragiles. La Rainette verte apprécie les milieux pionniers : une eau claire, peu profonde, peu de végétation, pas de poissons. En outre, elle aime grimper dans la végétation. À proximité des points d’eau, elle doit avoir des buissons pour s’y installer. Elle aime aussi la chaleur et peut s’observer de jour, blottie contre la tige d’un grand végétal, dans des roseaux ou sur une Massette, par exemple.

Que fait la FMD pour sauvegarder la Rainette verte ?
Un vaste programme de création d’espaces pionniers a déjà été réalisé sur les terrains de la FMD. De nouvelles mares seront encore à creuser, d’autres seront revitalisées pour accueillir ces petites chanteuses puissantes dont les vocables s’entendent loin à la ronde.


Grenouille verte
Pelophylax sp.

  • Mesure de 9 à 12 cm
  • Dos vert, souvent orné de taches noirâtres, ligne claire au milieu
  • Ventre blanc-crème (ou jaune-crème), parfois taché de sombre
  • Bourrelet séparant le dos et les flancs

Grenouille verte. © Michel Juillard.


La Grenouille verte est l’Amphibien que l’on observe le plus facilement, car elle se laisse flotter à la surface des mares dès le printemps. Elle apprécie les étangs chauffés au soleil. En fait, l’appellation « Grenouille verte » regroupe plusieurs espèces différentes, dont deux indigènes (Grenouille de Lessona et Grenouille verte proprement dite) et une troisième, introduite au siècle passé, la Grenouille rieuse. Ces espèces s’étant souvent hybridées, il est difficile de les déterminer avec certitude. Les deux Grenouilles vertes indigènes sont actuellement menacées de disparation, en raison de la présence de la Grenouille rieuse, plus grande, plus invasive et plus combative dans l’occupation des lieux de pontes.

Que fait la FMD pour sauvegarder la Grenouille verte ?
La FMD cherche à favoriser les milieux naturels des grenouilles indigènes (mares, étangs avec des prairies humides ou des zones marécageuses). Par ailleurs, les mesures prises pour les autres Amphibiens plus exigeants pour leurs habitats ou leurs lieux de reproduction améliorent également la santé des populations des Grenouilles vertes de notre région.


Grenouille rousse
Rana temporaria

Description

  • Tache noire en losange à l’arrière de l’œil, peau lisse, glissante
  • Mesure au maximum 10 cm
  • Deux lignes de glandes bien marquées sur le dos
  • Dessus du dos jaune-rouge à brun-noir, flancs parfois un peu verdâtres


Grenouille rousse. © Michel Juillard.


Mâle adulte

  •  Ventre blanchâtre-gris
  • Callosités rugueuses disposées sur les doigts de ses pattes antérieures.
  • Sacs vocaux internes donc peu visibles


Femelle adulte

  • Gros ventre tacheté ou voilé de rouge
  • Plus grosse que le mâle


Un déclin s’observe dans les populations de Grenouilles rousses d’Ajoie. Les étés secs de ces dernières années pourraient expliquer ce phénomène. Afin de ne pas leur ajouter de difficultés, il est actuellement essentiel d’augmenter les connexions entre leurs zones d’hivernage (plutôt forestières) et leurs lieux de reproduction (plans d’eau ou gouilles) et de les sécuriser.

Que fait la FMD pour sauvegarder la Grenouille rousse ?
Avec la compréhension de quelques agriculteurs locaux, la FMD a permis l’installation de haies vives qui créent des abris et des voies de déplacements sécurisées pour les jeunes grenouilles quittant les plans d’eau pour gagner les forêts des alentours.
Dans le domaine de la protection active des Amphibiens, la FMD a montré l’exemple en posant, durant de nombreuses années, des barrages à batraciens à Damphreux. Pour être encore plus efficace, elle a revendiqué avec insistance la création de crapauducs en Ajoie, là où les Amphibiens traversent régulièrement les routes. Aujourd’hui, grâce à la réalisation de deux ouvrages importants et pérennes par le Service cantonal des infrastructures (SIN), à Bure et à Damphreux, la protection a évolué positivement, mais il reste encore beaucoup à faire.


Crapaud commun
Bufo bufo


Description

  • Court sur patte et trapu Peu verruqueuse, grosse glande derrière l'œil

Mâle adulte 

  • Mesure de 8 à 9 cm 
  • Ne possède pas de sac vocal
  • Pelotes copulatrices noires et rugueuses sur le bord interne du pouce et parfois des doigts voisins

Femelle adulte

  • Mesure de 10 à 18 cm
  • Nettement plus grande que le mâle
  • En migration, le mâle est souvent sur la femelle (amplexus = pseudo-accouplement)

 

Crapaud commun. © Michel Juillard.


Le Crapaud commun est une des espèces d’Amphibiens la mieux représentée en Suisse. Cependant, celle-ci connaît des baisses d’effectifs depuis plusieurs années, ce qui est inquiétant. Le Crapaud commun vient essentiellement dans les mares pour se reproduire, vivant l’essentiel de son temps dans les fourrés ou les sous-bois proches des zones humides. Il apprécie les points d’eaux sans trop de prédateurs comme les poissons, avec un peu ou beaucoup de végétation ; il s’adapte bien à différents milieux.

Que fait la FMD pour sauvegarder le Crapaud commun ?
Le Crapaud commun bénéficie de toutes les mesures mises en place spécifiquement pour les espèces d’Amphibiens davantage menacées (haies, couloirs de migration, crapauducs) et il se trouve en bonne santé dans les zones gérées par la FMD. Comme cette espèce enroule ses chapelets d’œufs autour d’éléments végétaux qui flottent ou qui se développent dans l’eau, la FMD favorise ce type de végétation et dispose aussi des branches mortes dans les queues d’étang.


Sonneur à ventre jaune
Bombina variegata

 

Description

  • Mesure entre 3 à 5 cm
  • Pupilles en forme de cœur ou de goutte
  • Dos couvert de verrues foncées, tympan non visible
  • Ventre lisse un dessin jaune éclatant sur fond bleu-noir ou gris foncé


Mâle adulte

  • Mesure de 8 à 9 cm
  • Pelotes foncées aux avant-bras, aux doigts et souvent aux orteils


Sonneur à ventre jaune. © Michel Juillard.


Actuellement, le Sonneur à ventre jaune est menacé d’extinction en Suisse. Ce petit Amphibien apprécie les points d’eau temporaires et les zones alluviales. Il aime les petites gouilles qui se forment dans les creux, dans des ornières laissées par les machines forestières. Il occupe aussi les drains à ciel ouvert et les filets d’eau qui peuvent être faiblement courants, avec très peu de végétation et sans prédateurs comme les poissons.

Que fait la FMD pour sauvegarder le Crapaud commun ?
Avec la manie du propre en ordre, la canalisation des rivières et l’assèchement des zones humides, le Sonneur à ventre jaune voit disparaître progressivement ses lieux de pontes. Depuis plusieurs années, la FMD met en place un important programme de sauvegarde du Sonneur à ventre jaune par la création de points d’eau temporaires, la réactivation de zones humides asséchées, l’entretien de milieux dynamiques et la pose de creux artificiels et durables à des endroits appropriés. Pour l’instant, le Sonneur à ventre jaune existe toujours dans quelques sites en Ajoie (Bure, Bonfol) et tout est organisé pour qu’il s’y sente le mieux possible.


Triton alpestre
Ichthyosaura alpestris

 

Description

  • Atteint 11 centimètres de longueur
  • Couleur brune, verdâtre ou gris bleuté avec des taches plus ou moins visibles
  • Ventre orangé


Mâle adulte

  • Plus petit que la femelle
  • Couleur bleu vif sur les flancs
  • Motifs noirs sur fond blanc beige


Femelle adulte

  • Couleur terne
  • Gros ventre jaune-orangé à rouge vif


Triton alpestre. © Michel Juillard.


Le Triton alpestre est peu menacé actuellement dans notre pays, car il s’est adapté à plusieurs types de milieux et se développe particulièrement bien dans les points d’eaux riches en végétation comme, par exemple, les étangs de nos jardins. Toutefois, pour garantir la santé de cette population, il faut veiller à avoir des plans d’eaux diversifiés, dont certains sans poissons, et réduire la part des polluants dans les eaux et les sols alentours. Les Tritons alpestres contribuent à la biodiversité de nombreux étangs de la FMD.


Triton palmé
Lissotriton helveticus

 

Description

Mâle adulte

  • Mesure de 7 à 8 cm, pattes postérieures palmées
  • Bout de la queue souvent terminé par un court filament
  • Vert-olive ou brun, gorge couleur chair non tachetée (permet de le différencier du Triton lobé), des flancs jaunâtres tachetés de noir
  • Queue marquée de deux rangées de points noirs entourant une bande orange


Femelle adulte

  • Un peu plus grande que le mâle, 9 cm
  • Coloration brun pâle, légèrement tachetée 
  • Ventre le plus souvent orange pâle et faiblement tacheté
  • Gorge non tachetée (différent de la femelle de Triton lobé)


Triton palmé. © Michel Juillard.


Bien que le Triton palmé occupe plusieurs milieux différents et qu’il ne semble pas particulièrement exigeant, ses effectifs tendent à se réduire et il est menacé de disparaître à long terme. En fait, le Triton palmé s’observe dans toutes les petites gouilles, un peu ombragées, parfois avec peu d’eau. Un faible courant ne le dérange pas et il est possible de voir un Triton palmé dans un ruisseau à petit débit. Il vit apparemment proche des points d’eaux et se déplace peu. Pour aider ce petit batracien, il faut favoriser la création de petits points d’eau frais, avec une zone humide aux alentours, et surtout temporaires, afin que des prédateurs comme les poissons n’aient pas le temps de s’y installer.


Triton lobé (ou ponctué)
Lissotriton vulgaris

Triton lobé. © Michel Juillard.

Description

  • Espèce très très rare
  • Mesure de 7 à 9 cm


Mâle adulte

  • Ventre jaune-orange à rouge-orange vif, souvent tacheté
  • Gorge orange clair souvent tachetée
  • Tête avec des rayures claires et foncées
  • Crête dorsale ondulée, lobée jusqu’au bout de la queue
  • Ligne bleuâtre nacrée sur le bas de la queue


Femelle adulte

  • Un peu plus petite que le mâle
  • Très ressemblante à la femelle de Triton palmé, plusieurs caractères distinctifs pour distinguer les deux espèces


C’est le triton le plus rare de la région. Il a été observé à Damphreux et probablement également à Bonfol. Le Triton lobé apprécie les plans d’eaux ensoleillés et clairs. Il semble que cette espèce se déplace peu autour de son lieu de reproduction, ce qui limite sa capacité d’adaptation lors de la destruction de son habitat. Le Triton lobé occupe souvent les mêmes espaces que le Triton palmé, mais il préfère les régions de plus basses altitude.


Triton crêté
Triturus cristatus

 

Description

  • Espèce très rareBeauco
  • up plus gros que les autres tritons, jusqu'à 18 cm
  • Très jaune-orange et grosses taches noires
  • Peau verruqueuse, noire sur le dos


Mâle adulte

  • Ventre avec de grosses taches noires 
  • Crête dorsale dentelée


Femelle adulte

  • Dos grisâtre, brunâtre

 

Triton crêté. © Michel Juillard.


C’est le plus grand triton qui se trouve en Ajoie et c’est celui qui occupe le plus volontiers les plus grandes étendues d’eau. Le Triton crêté a connu une très importante régression ces dernières années et il est particulièrement menacé. Une population saine de Tritons crêtés se répartit normalement sur plusieurs plans d’eaux, chauffés au soleil, avec de la végétation et si possible sans trop de poissons. La raréfaction des grands espaces humides comme les marais les met en danger. Comme les autres tritons, le Triton crêté a la particularité de réaliser une danse nuptiale impressionnante pour sa dulcinée. Au printemps, le mâle ondule sous l’eau, faisant miroiter ses différents reflets, pour séduire les femelles.

Que fait la FMD pour sauvegarder le Triton alpestre, le Triton lobé et le Triton crêté ?
La FMD s’évertue à développer des habitats propices aux différentes espèces de tritons, en créant des dynamiques de remplissage différents entre les étangs de Damphreux et en alimentant au printemps plusieurs petites gouilles temporaires dans les marais.

Elle tente aussi de multiplier les points d’eau de plus grandes étendues et de les relier entre eux pour créer des réseaux de zones humides.

La FMD s’active aussi depuis longtemps pour faire prendre conscience aux autorités des dangers que représentent l’apport des pesticides et des intrants agricoles dans les marais et dans les étangs qu’elle possède. Elle intervient régulièrement pour dénoncer le dépôt des tas de fumier à proximité de ces mêmes milieux. Elle se bat également pour attirer l’attention sur l’érosion des sols qui amènent des tonnes de fines dans les zones marécageuses. Ces matières contribuent à les asphyxier en les privant des écoulements naturels d’eau qui doivent les alimenter et elles sont responsables de l’eutrophisation rapides des plans d’eau.


 

(Laure Bassin, Philippe Bassin, Michel Juillard).

 

Pour en savoir plus :
A. Meyer, S. Zumbach, B. Schmidt, J.-C. Monney, 2009. Les amphibiens et les reptiles de Suisse, Haupt Verlag, Berne.
Info fauna, Centre Suisse de Coordination pour la Protection des Amphibiens et Reptiles de Suisse (karch) : http://www.karch.ch/karch/home/amphibien.html